La soif du monstre et l'humilité du faible
La défaite avais le goût de son propre sang; amère, épaisse et alcoolisée. Le rouquin la connaissait, cette sensation désagréable d'impuissance, tant coutumière dans sa prime jeunesse. Il regardait le sable taché par son échec et maudissait l'antémonde de tous les noms de diable des 9 enfers.
Des années de pratique, de puissance, de force dévorées par les limbes vampiriques de cet univers perdu. Yantz en était revenu au stade de novice. Lui qui, il n'y a pas si longtemps à moins que ce ne fût jadis, broyait à mains nues le crâne de ses adversaires et prenait un malin plaisir à entendre les os se briser sous ses pas.
Il s'entendait mugir. La poussée d'adrénaline le faisait se relever et hurler comme un ogre en direction de son vainqueur, pour le confronter de nouveau. La finalité fut à chaque fois là même, peu importe le nombre de charges, il chutait.
Pleurer n'entrait ni dans son vocabulaire, ni dans sa pratique depuis bien des années et de toutes manières il ne sortirait de ses yeux asséchés, que de l'alcool et du sang. Alors, tandis que grondait en son cœur l'appel rageur de la vengeance, une autre voix sortit du tréfonds de son cerveau endolori.
" Tu ne le battras pas maintenant, ni lui, ni personne et encore moins si tu meurs."
Yantz pour la première fois, entrevit l'alternative à des années de crises de colère. Il n'avait ni le choix, ni l'envie, mais le devoir d'apprendre la patience. Pour son honneur et son avenir, il se releva une dernière fois, et cette fois...
"Tu m'as vaincu... nous nous reverrons un jour, lorsque mes poings frapperont aussi fort que les tiens. Aujourd'hui je suis vaincu, mais demain ... ou bien plus tard, je reviendrai, je serai prêt."
La bête avait appris l'humilité.